Il fallait semble-t-il un évènement coup de poing pour me faire rompre le silence. Le résultat des dernières élections provinciales en est un de taille.
J'ai assisté à la soirée des élections de lundi comme on assiste à un film de suspense : le cœur battant, les oreilles accrochées aux lèvres des animateurs et commentateurs en attente d'une parole qui rassure, les yeux exorbités et les doigts en sang à force d'en ronger frénétiquement les ongles. Quand Philippe Lagüe à l'antenne de Télé-Québec (Bazzo.tv) nous a conseillé de nous précipiter aux toilettes avant le début du spectacle parce qu'il n'y aurait pas d'entracte, il ne croyait certainement pas si bien dire. Et pour cause, rare étaient ceux qui s'attendaient au résultat que l'ont connaît : un gouvernement libéral minoritaire avec la balance du pouvoir pour l'ADQ, les miettes pour le PQ et près de 30% d'abstention.
Sur tous les réseaux, c'est la surprise et l'incrédulité qui dominaient. Bernard Derome lui-même en était tout déboussolé. D'ailleurs, l'énorme percée de l'ADQ a-t-elle semé tant de surprise dans les rangs de Radio-Canada qu'ils nous ont livré une si décevante soirée de télévision ? Je n'irai pas jusque là car les coulisses de la TV sont bien plus complexes. Mon propos est plutôt de questionner la surprise qui nous habite nous acteurs et consommateurs des médias montréalais.
Si nous n'avons pas vu venir la percée de Mario Dumont n'est-ce pas parce que nous, médias, répercutons un langage proprement montréalais, le langage d'une élite médiatique plus à gauche que la majorité nationale, un discours dans lequel les Québécois de l'extérieur de l'île de Montréal ne se reconnaissent pas, d'où l'importance des médias locaux notamment à Québec ?