Cette année plusieurs médias avaient dépêché une équipe pour écouter des discours ne menant nul part, photographier des poignées de mains de circonstances et manger des petits fours à l'intérieur des barricades mais aussi une pour écouter des slogans, compter les coups de matraques, recenser les vitrines cassées et sentir les effluves de plantes médicinales à l'extérieur des barricades. Bien entendu chacun a été fidèle à son script :
- les militants pacifistes se sont embrassés et ont dansé en chantant "un autre monde est possible" devant les caméras. Ils ont aussi fait quelques surprises pour que les journaleux puissent écrire une histoire spectaculaire et palpitante (genre entrer en zodiaque dans les eaux sécurisées comme Greenpeace).
- les casseurs ont cassé ce qu'ils pouvaient et fait pas mal de grimaces devant les objectifs pour qu'on soit assuré que ça barde derrière les barricades.
- les forces de l'ordre ont cassé du manifestant et rempli leurs paniers à salade à plein régime pour assurer au monde entier que leur présence était indispensable et que tout était sous contrôle.
- les chefs d’État ont savouré la cuisine du grand chef du coin, fait de beaux sourires aux caméras, serrés des mains si vigoureusement que ça va leur prendre quelques jours de vacances de poignés pour s’en remettre, et finalement pondu des discours qui ne changeront rien à la révolution de la planète.
- Finalement, les médias ont soigneusement enregistré et retransmis au monde entier les intermèdes où il y avait beaucoup d'action et de sentiment histoire qu'on suive l'évènement comme la télé-série la plus à la mode du moment.
Bravo à tous c’était réussi, vous concurrencez le Cirque du Soleil ! ... du moins, vous faites la une plus longtemps.
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